Visite des routes de
La Chaussade
Pierre Babaud de la Chaussade est né à Bellac (Haute Vienne) le 27 septembre 1706. Son père « était intéressé dans la fourniture de bois pour la Marine ». Par la suite il s’est associé avec son frère Jean et Jacques Masson pour continuer la même activité.
Il épouse la fille de Masson le 4 mars 1734 et vient en Nivernais pour s’occuper des forges acquises par son beau-père et suivre la fabrication des ancres.
Après la mort de Masson, en 1741, il devient le seul propriétaire des forges en Nivernais après diverses cessions.
Deux années après la mort de sa femme il se remarie avec Anne Rose Lecomte de Nonant de Pierrecourt.
Pierre Babaud a acquis, en 1743, la charge de Secrétaire du Roi du Grand Collège et, en 1754, fait régler ses armoiries par Louis d’Hozier.
Il est décédé le 15 août 1792 à Paris.
Le sous-sol du Nivernais, dans sa partie ouest, recelait du minerai de fer facilement exploitable, soit par décapage soit à faible profondeur, dans des forêts qui fournissaient du charbon de bois. On pouvait extraire des carrières de la castine utilisée comme fondant. Les nombreuses rivières pouvaient être utilisées pour le lavage du minerai ou pour mettre en mouvement des roues à aubes.
Le Nivernais possédait ainsi des ressources qui lui ont permis de devenir une importante région métallurgique, à partir de petits établissements situés dans la forêt des Bertranges, la vallée de l’Ixeure, à Cosne et dans la vallée de la Nièvre.
On peut constater le développement de cette activité dès l’époque gallo-romaine et il est possible de suivre la multiplicité des sites de production dans cette région.
Le minerai de fer, extrait du sous-sol, était transporté dans un fourneau, pour être transformé par combustion interne en fonte. A l’origine, il s’agissait de bas-fourneaux, qui étaient des constructions éphémères, à proximité des sites d’extraction. Le feu était attisé au moyen d’un simple soufflet.
L’évolution des techniques se traduit par l’apparition de constructions en dur qui, au XVIIIème siècle, pouvaient atteindre 10 à 15 mètre de hauteur. On parle alors de fourneau. Ceux-ci sont chargé par le haut, avec des couches alternatives de minerais, de charbon de bois et de castine. On y insuffle de l’air au moyen de soufflets qui fonctionnaient avec une roue à aube. On extrait par le bas une gueuse, obtenue par solidification de la coulée de fonte, qui ruisselle du creuset dans une gouttière.
D’une manière générale, la forge est l’atelier dans lequel on travaille le fer. Au XVIIIème siècle, c’est l’atelier dans lequel on affine la fonte en enlevant le carbone excédentaire, et où l’on met en forme le fer par martelage et pilonnage.
La forge aux ancres est celle dans laquelle celles-ci sont fabriquées. Au XVIIIème siècle, afin de fabriquer la verge de l’ancre, on est obligé de juxtaposer des barres de fer, de les chauffer et de les forger avec le marteau. La verge et les bras sont encollés par la suite par forgeage.
Dans une forge, on trouve un foyer, des soufflets et un marteau. Au XVIIIème siècle, celui-ci est mis en mouvement grâce à l’énergie hydraulique. Le bâtiment de forge est donc édifié au bord d’une rivière ou d’un bief.
Au XVIIe siècle, la fabrication des ancres posait un problème délicat, car importées de l’étranger ou fabriquées dans les ports. Les grosses forges françaises étaient alors incapables de fournir des pièces de fer de taille importante.
De multiples essais sont alors effectués aux forges de Cosne-sur-Loire et d’Imphy. Ces recherches aboutissent à la rédaction d’un mémoire intitulé « La fabrique des ancres », en 1723.
A partir de 1730, un atelier spécial est édifié à Cosne-sur-Loire sous la direction de l’ingénieur Trésaguet, acheté plus tard par Jacques Masson et Pierre Babaud de la Chaussade. Ce dernier va largement y développer la fabrication des ancres en construisant deux forges implantées à Guérigny et à Villemenant. Il obtient alors d’importants marchés pour la Marine Royale et la Compagnie des Indes.
L’industrie métallurgique relève dans son ensemble de l’exploitation domaniale, c’est-à-dire de la mise en valeur par un propriétaire de ses biens immobiliers : exploitation du minerai de fer qui se trouve dans ses propriétés, utilisation des cours d’eau pour l’énergie hydraulique nécessaire à un fourneau ou une forge, exploitation des forêts pour le charbon de bois.
D’où la possibilité pour la noblesse, sans déroger, de prendre part à la vie économique.
La noblesse est donc prépondérante dans le développement de cette industrie en France (en Bretagne, comme dans l’Est ou en Nivernais).
Généralement, l’ensemble est loué à un professionnel et n’est pas géré directement.
Les besoins de la Marine et de la Compagnie des Indes étaient extrêmement variés pour la construction et l’équipement des navires. Il faut savoir qu’un navire à voile de XX canons comporte plus de 10 000 pièces métalliques d’assemblage.
Les forges de La Chaussade produisaient alors des produits semi-finis(fers plats, gueuses de lest) et des produits finis (boulets de canons, masses, pinces, enclumes, clous, grappins, outils divers).
Les ancres restaient le plus important marché de notoriété. Elles demandaient un savoir-faire particulier qui offrait une marge importante. Cette demande était relativement régulière car il arrivait souvent à un navire de perdre son ancre au fond de l’eau.
Les commandes faisaient l’objet de marchés passés pour plusieurs années et régularisés par acte notarié.
I- OUVRAGES :
G. Richard Noblesse d’affaire au XVIIIème siècle (1974)
F. Dreyer La Nièvre, le royaume des forges, publication des musées de la Nièvre (2006)
JA. Berthiau Les forges de La Chaussade à Guérigny, un établissement de la marine militaire au cœur de la France (2009)
II- LE MARTEAU-PILON :
G. Thuillier Comment étudier une forge ou un haut-fourneau, (T.IV, 1992)
JP. Gauthron L’ancien établissement de la Poëlonnerie (T.VI, 1994)
JA. Berthiau – Robert Bouvier Inventaire des sites industriels du vieux Guérigny (T.VII, 1995)
JP. Gauthron Inventaire des sites : le château de Guérigny (T.XIV, 2002), et note complémentaire sur le site du château de La Chaussade (T.XVIII, 2006)
RF. Ricroch Mémoires des élèves ingénieurs des mines : le haut-fourneau de Bizy et la forge des Dinons, (T.XX, 2008)
III- ACTES DES COLLOQUES :
La Chaussade (1992)
Marines et Entreprises (2006)
Le patrimoine industriel des petites villes (2012)
Maîtrise d'Ouvrage :
Communauté de communes des Bertranges à la Nièvre
Conception, photographie, développement :
Xavier Spertini
Graphisme, développement :
Kalioppe
Accompagnement historique et scientifique :
Amis du Vieux Guérigny
Merci aux propriétaires et entreprises nous ayant ouvert leurs portes.
Merci aux Archives Départementales de la Nièvre, ainsi qu'au Centre des Finances Publiques de Nevers, pour la mise à disposition des plans et documents et les conditions de reproduction.
Merci pour votre visite.